Jolan C. Bertrand<p>Yooooo camarades, j'ai totalement pas le temps de faire ça maintenant mais je vais le faire quand même parce que j'en ai besoin pour ma santé mentale : je vais vous parler de ma dernière <a href="https://corneill.es/tags/lecture" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>lecture</span></a> ! J'ai nommé...<br><a href="https://corneill.es/tags/GideonTheNinth" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>GideonTheNinth</span></a> </p><p>Si vous vous tenez un peu au courant de ce qui se passe dans le monde de l'imaginaire vous en avez certainement entendu parler, c'est le premier tome de la tétralogie de Tamsyn Muir, <a href="https://corneill.es/tags/TheLockedTomb" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>TheLockedTomb</span></a> -perso j'ai les trois quarts de mes cercles sociaux qui me hurlent de le lire depuis un an à base d'arguments du style "JO PUTAIN C'EST DES LESBIENNES QUI FONT DE LA NÉCROMANCIE DE L'ESPACE OMFG VA LE LIRE BORDEL !!!!" et j'ai fini par céder.<br>En fait j'ai découvert l'existence du site libro.fm, une bibliothèque de livres audios en anglais qui a le bon goût d'être une coopérative non reliée de quelque manière que ce soit à Zozone (et aussi qui te permet à l'inscription de choisir une librairie indépendante anglophone à qui reverser une partie du prix de chaque audiobook que tu consommes). L'abonnement coûte à peu près la même chose qu'un abonnement Spotify et ouvre l'accès à des réductions sur le prix de chaque audiobook (et quand on sait ce que ça coute ces saloperies, si vous en consommez beaucoup ça vaut le coup) en plus d'offrir un crédit d'écoute par mois (cumulable d'un mois à l'autre). Y a un moment que je veux tester le format audiobook en dépit de mes difficultés de concentration en situation d'écoute passive, donc je me suis dit go tester le bousin, et j'ai démarré avec Gideon puisque apparemment le monde entier tient à ce que je me le farcisse.</p><p>Et comment dire ?</p><p>Bon déjà, démarrer une expérience d'écoute de livres audios avec non seulement un bouquin en anglais mais un bouquin avec trente-six personnages aux noms à rallonge et à coucher dans la lune, c'était pas forcément le choix le plus stratégique under the sun. CEPENDANT ! Posons ici un énorme big up à Moira Quirk, la narratrice, qui de base lit ce truc avec le ton parfait pour cette narration dark et pince-sans-rire, mais qui en plus se débrouille pour faire des voix différentes et reconnaissables pour tout le monde. Franchement c'était une expérience d'écoute hyper plaisante.</p><p>Les personnes qui ne méritent pas du tout de big up par contre sont toutes celles qui m'ont dit "va le lire, lesbiennes nécromanciennes dans l'espace etc." et qui ne sont pas dit "nan mais je vais quand même lui préciser : par contre ton cœur va finir en plein de tout petits morceaux. just fyi". Comme dirait Ross Geller dans Friends A LITTLE HEADS UP MIGHT HAVE BEEN NICE! Parce que je suis en larme, je suis émotionnellement compromis, j'ai pas signé pour ça, what the actual fuck????</p><p>Pardon, je m'égare, c'est encore tout frais, je sors à peine du tome 1. Vous voulez peut-être savoir vite fait de quoi ça parle ?</p><p>En gros on est sur de la science-fantasy (je crois que c'est le terme), dans le sens où y a un mix espace/technologie/science vs combats à l'épée/magie/relations sociales basées sur un système vaguement féodal. Perso je trouve qu'on est aussi un peu sur un récit bâtard du style "Les Anges de la téléréalité version gothique font un cluedo géant en mode larping de la mort" mais je vais peut-être trop loin dans la comparaison... On suit Gideon, une épéiste de talent inféodée bien malgré elle comme espèce de garde du corps à la nécromancienne Harrowhark (Harrow de son petit nom) alors qu'elles sont convoquées à un concours de nécromancie avec toustes les autres héritier-es des grandes maisons nécromanciennes de la galaxie, dans le but de déterminer qui sera lae prochain-e bras droit de l'empereur. (Ou quelque chose comme ça.) Gideon et Harrow sont, genre, ennemies mortelles. Le genre d'ennemies mortelles où chaque seconde de chaque interaction est tellement chargée en homoérotisme que tu pourrais faire des tranches d'atmosphère au couteau à beurre. Non, je n'exagère même pas un tout petit peu.</p><p>L'intrigue prend vite la forme d'un genre d'enquête croisée avec un film d'horreur -une bande de magiciens capables de ressusciter les morts enfermée dans un château dans l'espace avec leurs gardes du corps sent bien que y a quelque chose ou quelqu'un qui semble avoir décidé de les descendre les un-es après les autres mais a déjà du mal à déterminer si le château est hanté ou si y a un-e tueur-euse dans leurs rangs. Comme le contexte est supposé les mettre en situation de rivalité, créer des alliances et déterminer à qui faire confiance est loin d'être évident, et toi-même en tant que lecteurice t'es un peu constamment sur le bord de ton siège en mode un cadavre peut popper à tout instant et si c'est quelqu'un à qui tu t'es attaché tu vas même pas avoir le temps de pleurer avant le plot twist suivant.</p><p>Mais au delà du rythme prenant et du suspense intenable, la force de ce roman à mon sens, ce sont ses personnages. Tout le monde a une voix bien définie et reconnaissable, une manière de parler, un caractère et des enjeux (parfois connus, parfois mystérieux) bien précis et ancrés dans le récit. Il n'y a pas d'histoire de destin ici -en dehors du fait que, bah, c'est un bouquin écrit et tes yeux sur la page ne peuvent pas affecter ce qui se passe à la page d'après EN DÉPIT DE TES SUPPLICATIONS. Les personnages ne sont pas le jouet d'une force qui les dépasse (enfin sauf quand y a un monstre qui les envoie valdinguer contre un mur, mais on se comprend, c'est pas de ça que je parle) mais de leurs propres ambitions, émotions, et de leur passé (ou absence de).</p><p>Ajoutez à cela une écriture pince-sans-rire et un humour noir entrelacés à des scènes d'une émotion si intense qu'il est impossible d'en sortir indemne (fuck you en particulier, scène de la piscine !!!!!), et on a la recette du parfait récit d'aventure d'imaginaire, que quand tu réalises qu'il va t'étrangler il a déjà ses mains squelettiques sur ta gorge. Ça reste une tragédie parce que tu sais bien que rien de tout ça n'aurait pu être empêché (même que les protags s'arrachent les cheveux à se demander ce qu'elles auraient pu faire différemment (rien ma belle, je suis désolé </3)), mais c'est ce qui fait que ça fonctionne.</p><p>Bref. Je sais pas si je vous le recommande parce que je me sens un peu violenté émotionnellement, là, de suite. Mais euh. Chacun ses kinks, je suppose. Join me if you dare.</p><p>Jolan out</p>